Président de l’Association française de droit du travail et de la sécurité sociale de 1990 à 1998, Jean Pélissier est décédé le 18 mars en Charente, à l’âge 89 ans.
Lyonnais de souche et de naissance, formé à la Faculté de droit et à l’Institut d’études politiques de cette ville, il avait soutenu en 1960 une thèse sur Les obligations alimentaires, préparée sous la responsabilité de Roger Nerson et publiée par la LGDJ dans la Bibliothèque de droit privé. Agrégé au concours de 1965, il avait servi aux Facultés de droit de Yaoundé, Dakar et Abidjan, avant de revenir à Lyon en 1969. Directeur de l’Institut d’études du travail et de la sécurité sociale, il avait rapidement fait de cette composante d’une université lyonnaise et de son centre de recherche l’un des hauts lieux de la discipline du droit du travail et du droit de la protection sociale, faisant place, dans la formation comme dans la recherche, à des sociologues, des ergonomes, des universitaires d’autres pays ou des fonctionnaires du BIT.
Exceptionnellement attentif aux questions pédagogiques, il avait initié une méthode d’enseignement majorant l’activité des étudiants. Attaché à la sauvegarde des valeurs démocratiques dans le monde universitaire, il avait, avec les regrettés Jo Frossard et Jean Bunel et des collègues de la génération suivante, fait de l’IETSS un pôle de résistance à la domination de l’extrême-droite au sein de l’Université Lyon III dans la période la plus sinistre de la vie de cette dernière, préparant ainsi son retour à Lyon 2 en 1993.
Professeur à l’Université Bordeaux IV de 1992 à 1997, puis à l’Université des sciences sociales de Toulouse (Toulouse 1), où il avait succédé à son ami Michel Despax, jusqu’à sa retraite, il avait fait le choix, il y a quelques années, de cesser de « tenir » le fameux Précis Dalloz de droit du travail auquel G.-H. Camerlynck et Gérard Lyon-Caen l’avaient appelé à collaborer dès 1984, puis de publier ces notes et études qui étaient sans aucun doute parmi les écrits « travaillistes » les plus lus et les plus éclairants.
Animateur des années durant, avec d’autres universitaires, des magistrats, quelques brillants avocats, des juristes d’organisations syndicales, des débats de l’AFDT, il a présidé aux destinées de celle-ci pour la durée de deux mandats et contribué à son rayonnement.
Antoine Jeammaud et Antoine Lyon-Caen
Présidents honoraires de l’AFDT