Dans cette période incertaine, économiquement comme socialement, les entreprises auraient tort de se passer du dialogue social. Toute comme l’Etat ou les décideurs publics auraient tort de se priver de l’expertise des acteurs sociaux et économiques. Là encore, cette crise nous l’a rappelé. Dans ses premiers mois, alors que nous étions tous dans l’inconnu total, l’Etat s’est appuyé sur les partenaires sociaux pour renforcer la réponse publique. Nous avons fait connaitre la situation (très variée) des travailleurs, nous avons alerté lorsque certains étaient livrés à eux-mêmes, nous avons fait des propositions pour combler ces lacunes. Ce dialogue a par exemple permis la mise en place de l’activité partielle pour les salariés des particuliers employeurs, la création d’une aide aux ménages les plus pauvres, d’un plan jeunes, la suspension du jour de carence dans les fonctions publiques puis récemment dans le privé...
Pour une efficacité des réponses publiques comme privées, l’implication des acteurs de terrain est indispensable. Elle l’est, d’autant plus, que la société peut se tendre au fur et à mesure que les conséquences de cette crise se feront sentir. Alors que la crise accentue les inégalités, le dialogue social est au contraire, un facteur de cohésion sociale.
Cette épidémie a bousculé le travail et son organisation. Pour une partie de la population, le télétravail s’est imposé et parfois dans des conditions très dures (manque d’espace et de matériel adapté, surcharge de travail ou au contraire sentiment d’inutilité, empiètement sur la vie privée...). Les questions de santé au travail sont également revenues sur le devant de la scène. Pour faire face à ces nouvelles réalités, les partenaires sociaux se sont mis autour de la table pour définir des principes communs. Les deux accords nationaux interprofessionnels sont maintenant à décliner dans les branches et les entreprises. Les directions qui essaieront d’avancer unilatéralement sur ces questions cruciales pour les travailleurs se heurteront à de l’inefficacité et à des blocages.