Sur le terrain, alors que le dialogue social est invoqué par les pouvoirs publics pour la mise en œuvre des dispositions sanitaires, FO est intervenue à plusieurs reprises pour que soit garanti le libre exercice des droits syndicaux et de représentation des personnels, notamment en permettant la libre circulation des représentants du personnel et des délégués syndicaux, ce que nous avons obtenu. En pratique, si les réunions en présentiel restaient autorisées en cas d’urgence et dans le respect des consignes sanitaires, les réunions de CSE à distance, par audio ou visioconférence, sont devenues la règle.
Dans certaines situations, l’exercice du droit syndical en a été rendu plus difficile. Les délégués pointent souvent une dégradation du dialogue social, la perte de proximité avec les adhérents et les salariés, l’impossibilité pour les processus d’information consultation des IRP de se tenir dans les délais impartis ou dans des conditions satisfaisantes. Les réunions en visioconférence trouvent vite leurs limites, aussi pour des raisons techniques, parce qu’elles ne sont pas adaptées à certaines situations, comme la négociation de PSE, qui peut conduire à régler le sort de salariés au téléphone.
Cependant, là où le dialogue social et la négociation collective ont, soit par tradition soit du fait des circonstances, été privilégiés, des accords ont été négociés pour tenter d’enrayer les conséquences de la crise économique et préserver l’outil industriel, les emplois et les compétences. Alors que la liste des entreprises frappées par les suppressions d’emplois n’a cessé de s’allonger, la détermination des délégués FO a contraint dans certains cas les directions à s’engager à ne pas procéder à des licenciements contraints.
Dans les branches, c’est à l’initiative de la fédération FO de la métallurgie qu’a été négocié et signé le 18 mai un texte paritaire initiant un système d’APLD (activité partielle de longue durée). Ce nouveau type d’accord collectif permet à l’entreprise de bénéficier d’une indemnisation au titre de la réduction de l’horaire de travail en échange d’un engagement de l’employeur de maintien de l’emploi. Pour FO, la mise en œuvre de ce dispositif doit être favorisée pour éviter les suppressions d’emploi sous la forme de PSE, RCC ou plan de départ volontaire.
Enfin, fait plutôt rare, deux accords nationaux interprofessionnels ont été conclus presque simultanément en fin d’année. FO plaidait auprès du patronat fortement sur ces deux sujets, bien avant que ne surgisse la crise sanitaire. Si, sur la santé au travail, il avait été convenu début 2020 que nous engagerions une négociation, il a fallu que surgisse le confinement et le travail à domicile massif, pour convaincre le patronat de la nécessité d’une négociation sur le télétravail. Au-delà des dispositions qu’ils contiennent, des protections pour les salariés qu’ils améliorent, du rôle de la négociation qu’ils confortent, l’enjeu pour FO était de maintenir et de renforcer la politique conventionnelle, la pratique contractuelle et le paritarisme, en s’affranchissant de l’ingérence de l’Etat et en réinstallant dans les esprits le rôle essentiel du niveau national interprofessionnel.