L’urgence aurait pu assécher le dialogue social et laisser place libre au seul pouvoir de l’employeur pour faire face aux redoutables conséquences économiques et sociales de l’épidémie de Covid-19. Il n’en a rien été. Certes, l’employeur a été autorisé à imposer des dérogations temporaires en matière de durée du travail et de repos. Mais les pouvoirs publics n’ont pas fait l’impasse sur le dialogue social et ont notamment confirmé la dynamique contemporaine de l’accord collectif. Voilà qui est rassurant.
En temps de crise, plus que jamais la solidarité doit être de mise et les règles dérogatoires qu’impose une situation exceptionnelle sont d’autant plus légitimes et efficaces qu’elles résultent d’un dialogue. Les pouvoirs publics l’ont bien compris en adaptant les modalités de consultation du comité social et économique (délais, réunions, élections…) et en facilitant une conclusion plus rapide des accords collectifs (réunions de négociation collective en visioconférence ou en audioconférence, signature électronique, dispositif électronique de recueil de l’approbation des salariés à distance…). L’essentiel a été préservé. Reste que la contraction des délais et le développement d’un dialogue à distance ne peuvent relever que d’un régime d’exception. Le retour à une activité normale doit sonner la restauration d’échanges en présentiel même si la visioconférence, à la marge, peut avoir une utilité récurrente. Dommage que l’intervention étatique ait suscité du contentieux sur la pertinence de ces modalités dérogatoires du dialogue social. La crise sanitaire n’est évidemment pas une justification qui masquerait une dégradation pérenne de la qualité du dialogue social pour autant qu’elle soit cantonnée à cette situation. L’épreuve vécue devrait alors conduire, plus fréquemment, à façonner pour demain, par la voie conventionnelle, des délais de consultation du CSE ou de négociation collective adaptés à ces situations d’urgence.