En deuxième lieu, une TPE est rarement dotée en interne d’un service de ressources humaines et le chef d’entreprise dispose en général de compétences correspondant au cœur de métier de l’entreprise et n’a pas forcément de connaissances en matière RH. Aussi, un dialogue social plus formel nécessite automatiquement un accompagnement et par voie de conséquence un investissement financier en sus du temps que doit consacrer le chef d’entreprise au projet concerné.
Un investissement n’est absolument pas neutre en période de crise économique lorsque l’activité a connu un ralentissement ou un arrêt total pendant plusieurs mois. Malgré les aides de l’Etat (report et exonérations de cotisations, fonds de solidarité, activité partielle,…), les entreprises ont dû puiser dans leur trésorerie pour assurer notamment le reste à charge de l’indemnité d’activité partielle.
Compte tenu de ces spécificités, le dialogue social est formellement mis en œuvre à deux autres niveaux.
Au niveau des commissions paritaires régionales, comme les CPRIA
(1) et les CPR-PL
(2), instances de dialogue social au niveau territorial où salariés et employeurs de TPE partagent les informations, débattent et rendent des avis utiles en matière notamment de conditions de travail et de santé au travail.
C’est tout naturellement qu’elles ont accompagné les entreprises de proximité durant la crise en leur proposant des services d’accompagnement RH, en sensibilisant les autorités locales aux difficultés rencontrées par les TPE ou en participant à l’action « Objectif Reprise » mise en œuvre au niveau régional permettant ainsi une adéquation entre les besoins du terrain et l’appui proposé notamment en matière d’organisation du travail, de dialogue social ou de protocole sanitaire…
Au niveau des branches professionnelles qui ont la possibilité de négocier des accords en matière de congés payés, d’individualisation de l’activité partielle, ou d’activité partielle de longue durée (APLD) entre autres, permettant ainsi aux entreprises de s’adapter à la baisse d’activité ou à son arrêt total sans licencier.
Hors crise, la négociation au niveau de la branche professionnelle est essentielle pour les TPE : elle assure les fonctions de régulation économique (en déterminant des règles communes de concurrence) et sociale (en définissant un socle commun en termes de rémunération, de formation, de prévoyance…).
Pendant une crise économique, ce niveau de négociation devient incontournable car les partenaires sociaux des branches professionnelles accompagnent les chefs d’entreprise et les salariés des TPE entre autres, pour surmonter les difficultés qui peuvent être propres à chaque secteur. Une entreprise du bâtiment n’est pas soumise aux mêmes contraintes qu’un restaurant, qu’un coiffeur ou qu’un cabinet médical.
Je conclurai sur deux points de vigilance que cette crise a, à mon sens, mis en exergue.