Il est à craindre que le dialogue social « post crise sanitaire » voit se multiplier les PSE, RCC et autres dispositifs de crise. Pour espérer en sortir ensemble et par le haut, le CSE et le dialogue social qu’il induit actuellement ne le permettront pas. Les obligations d'information, de consultation, doivent aller beaucoup plus loin. Pour l'instant, elles n'obligent pas l'employeur à prendre en compte les recommandations et les avis du CSE. Les attributions du CSE doivent donc évoluer sur les questions aussi stratégiques qui touchent l’emploi des salariés. Pour ces sujets, il est, pour la CFTC, nécessaire de recourir à un avis conforme, mais pour cela il faudra une évolution du code du travail. La place des administrateurs salariés dans les conseils d’administration là où sont avalisés tous les projets de restructuration des entreprises doit aussi être renforcée. Il est nécessaire que les administrateurs salariés aient accès aux comités techniques qui, en amont, sont les lieux où sont débattus les projets qui seront entérinés au conseil d’administration.
La crise impacte également énormément les négociations des délégués syndicaux. Elle sert même parfois d'aubaine, puisqu'y compris dans des secteurs peu touchés par la crise, on constate une accentuation des PSE et autres réorganisations. Les accords de performance collective (APC), intronisés comme élément phare des ordonnances travail de 2017, ont vu leur nombre augmenter fortement depuis la crise de la COVID. Sur un total de 513 APC conclus, plus d’une centaine l’ont été pendant la crise sanitaire, et il est fort probable que le recours aux APC va encore s’intensifier. Ces accords qui peuvent impacter la rémunération, l’organisation du temps de travail et sa durée ainsi que la mobilité géographique ou professionnelle, ne prévoient aucun garde fous ou contreparties obligatoires dans la loi telle que la clause de retour à meilleure fortune, ou la garantie d’emploi. Il est nécessaire de sécuriser les droits des salariés dans ce dispositif en faisant évoluer ce cadre légal afin qu’il soit plus protecteur.
Pour finir, je dirai que le dialogue social est assurément la clé pour la sortie de crise mais pour cela, il faudra lui en donner les moyens !