La période de crise telle que nous la vivons depuis près d’un an, n’a fait qu’accentuer l’ensemble de ces phénomènes. Si les réunions « officielles » entre ministères, patronat et syndicats se sont multipliées, elles n’ont été globalement que des chambres d’enregistrement de décisions gouvernementales, ne pouvant être modifiées qu’à la marge. Ces décisions sont issues notamment de conseils de défense sanitaire par exemple, et cela en dehors de tous débats démocratiques. Durant cette même période, tout le monde a constaté les nombreuses réunions qui ont eu lieu à Bercy entre le ministre de l’Economie et différentes branches du patronat. On l’a vu pour le commerce et la grande distribution, afin d’adapter les décisions et mesures aux besoins et demandes du patronat.
Le recours quasi-systématique à des experts dits « indépendants » économiques ou sociaux caractérise la défiance vis-à-vis des organisations syndicales de salariés. Cela rejoint la théorie du président de la République sur la non représentativité des corps intermédiaires dans lesquels il classe les syndicats. Si nous ne nions pas nos difficultés d’implantation, principalement dans les petites et moyennes entreprises, personne ne peut nous opposer notre connaissance, notre « expertise » des problématiques liées au travail qu’elles soient économiques, sociales, voire environnementales. Elle se construit sur la base de notre réseau d’élus et militants, d’entreprises et de services, de notre structure locale de proximité qui nous permet de côtoyer quotidiennement, des milliers de personnes de tout horizon.
Il n’y a donc pas fondamentalement de différences dans la conception d’un dialogue social riche, constructif mais surtout loyal, en temps de crise en comparaison d’autres périodes. Cette crise sanitaire a mis en exergue les disfonctionnements de notre démocratie sociale et des relations entre « partenaires sociaux ». On peut les concevoir différemment dans les fréquences des échanges qui doivent certes être renforcés ou dans la nature des problématiques posées. La crise sanitaire que nous traversons, est évidemment tout à fait inédite mais a des conséquences économiques et sociales à l’échelle de la planète.