Au moment où ces lignes sont écrites, alors que la plus grande incertitude règne sur une « deuxième vague », il faut faire preuve de la plus grande modestie. Non seulement face au danger de mort qui règne, sans l’espoir avant longtemps d’un vaccin. Mais, surtout pour l’anxiété croissante vis-à-vis de la chute très forte de l’économie, et, bien plus largement encore, vis-à-vis de la crise morale et politique en Europe. On se bornera à des remarques fondées sur une connaissance intime de l’institution « protection sociale » dont il ne fait pas de doute que, avec les services publics, même dans les phases de non-crise, elle fait tenir ensemble la société française (Barbier, Théret et Zemmour, 2021, à paraître) depuis le succès de la Sécurité sociale. Quels sont les scénarios ?
Le premier serait la reprise de la construction de « l’État social », laissé en quasi-stagnation depuis deux décennies, en l’adaptant aux défis actuels. Dans ce cadre, au-delà de l’aspect sympathique de l’évocation d’un tournant digne de la Résistance, laquelle reste un mythe puissant en matière de protection sociale, ce ne sont pas des « beaux jours » qui se profilent, mais une longue marche très ardue. Ce qui est à construire et à reconstruire est extrêmement complexe, si l’on se place du point de vue du salariat, et, notamment, de celui des soignants, infirmiers, aides-soignants, médecins dont l’action décidée a, de fait, dirigé l’action collective depuis trois mois. Un des épisodes de la bataille commence avec le « Ségur de la santé », le 25 mai.