QUEL AVENIR POUR L'ETAT PROVIDENCE APRÈS
LA CRISE DU CORONAVIRUS ?
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Michel BORGETTO
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Professeur de droit public à l'Université Panthéon-Assas (Paris II),
Directeur de la Revue de droit sanitaire et social
Parmi les multiples enseignements que la crise du Coronavirus aura permis de mettre en évidence, il en est un qui semble aujourd’hui se dégager : l’utilité et la valeur indépassables revêtues par l’Etat-Providence. Utilité et valeur que le Chef de l’Etat n’a pas manqué de souligner, dans son allocution du 12 mars dernier, de manière particulièrement nette : « ce que révèle déjà cette pandémie, affirma-t-il, c’est que la santé gratuite sans conditions de revenus, de parcours ou de profession, notre Etat providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché
»…
Cet éloge appuyé des vertus de l’Etat-providence marque-t-il une volonté réelle d’opérer un tournant dans les politiques publiques menées depuis plusieurs décennies voire d’initier un véritable changement de paradigme ? Ou ne constitue-t-il, au contraire, qu’un simple hommage - purement temporaire et circonstanciel - rendu aux nécessités du temps, c’est-à-dire, ici, à la nécessité de faire face dans l’urgence aux conséquences multiples (sociales, économiques, financières…) induites par la crise sanitaire ?
Sans doute, est-il encore trop tôt pour répondre avec certitude à cette question. Mais après tout peu importe ; car quelle que soit la réponse que les uns et les autres seront tentés d’apporter à cette dernière, une chose, d’ores et déjà, est sûre : l’Etat-Providence ne saurait, après la crise sanitaire, être identique à ce qu’il était avant cette même crise…