Comme d’autres pays, le Portugal a déclaré la situation d’urgence nationale (qui restera en place jusqu’au 2 mai) et le Gouvernement a décidé la fermeture des écoles et des universités, des restaurants, des hôtels et de tous les établissements ouverts au public avec quelques exceptions, comme les pharmacies, les supermarchés ou autres magasins qui rendent des services essentiels à la communauté. De plus, un nombre significatif de limitations à la liberté de circulation des personnes ont été mises en place.
En même temps, dans une véritable hécatombe législative, des mesures pour combattre la crise dans plusieurs domaines ont été approuvées, soit pour soutenir l’effort sanitaire soit pour venir en aide aux entreprises, travailleurs, familles, institutions d’aide sociale, etc..., dans le but de maintenir l’économie vivante et fonctionnelle. Dans le même sens, la liberté de circulation pour des raisons de travail a été maintenue.
Dans le domaine du travail, on assiste à l’application d’un nombre significatif de mesures destinées aux contrats de travail, aux travailleurs indépendants et aux entreprises.
En ce qui concerne les travailleurs indépendants, les mesures adoptées passent surtout par des appuis financiers directs de même que par la suspension des obligations fiscales et sociales de ces travailleurs, sous certaines conditions. Parallèlement, l’État essaye d’appuyer les entreprises en soutenant la création de lignes spéciales de crédit, auprès des banques et dans des conditions plus favorables par rapport à la normale, mais aussi en allongeant les délais prévus pour le paiement des impôts et autres obligations fiscales.
Spécifiquement dans le domaine de l’emploi, les mesures les plus importantes en place concernent les conditions de sécurité sur les lieux de travail, le télétravail, le chômage partiel, les absences pour motif d’assistance familiale et les licenciements. Aussi, avec la déclaration de la situation d’urgence nationale, les droits collectifs de participation à la législation du travail, la concertation sociale, le droit de réunion sur les lieux de travail et le droit de grève ont été suspendus.
Les conditions de sécurité sur les lieux de travail ont été renforcées par l’exigence faite aux employeurs d’introduire des protocoles plus stricts d’hygiène des établissements et des travailleurs ainsi que de nouvelles consignes de distanciation sociale dans les établissements. À ce effet, les entreprises ont aussi introduit de nouveaux régimes de flexibilité du temps de travail, à travers le renouvellement des équipes et des banques de temps.
Le télétravail est maintenant généralisé à toutes les activités qui peuvent se développer dans ce schéma et bien au-delà du modèle de télétravail prévu par le Code du travail, désormais dépassé. Surtout dans le secteur des services, y compris les services publics, les employeurs se sont vite adaptés à cette forme de travail, qui fonctionne au-delà des espérances, notamment à travers le recours intense aux moyens digitaux de communication, aussi efficaces du point de vue de la productivité que du contrôle du travail. Le défi qui va se poser dans le futur proche est celui du retour de tous ces travailleurs dans l’établissement, car les nouvelles consignes en matière de distanciation sociale devront être maintenues. Et peut-être que les employeurs envisageront plus qu’avant les possibles avantages du travail à distance, du télétravail, et du smart work, ce qui peut entraîner un changement plus structurel du modèle classique des relations de travail.