Après le confinement national, plus de 30 millions de travailleurs américains ont demandé des indemnités de chômage, environ 20% de ceux qui travaillaient le mois précédent. Un nombre égal ou supérieur ont vu leurs heures de travail réduites. La réponse juridique, esquissée ci-dessous, est à l’opposé du statut quo juridique antérieur à la pandémie.
Avant la Grande Dépression, les Etats-Unis étaient voués légalement et idéologiquement au laissez-faire. A partir du New Deal des années 30, le gouvernement fédéral a commencé à assurer un minimum de protection salariale. Le Social Security Act de 1935 a créé des systèmes d’indemnisation du chômage gérés par l’Etat. Les gouvernements suivants ont fourni une protection fédérale pour la santé au travail, exigé jusqu’à 12 semaines de congé sans solde pour les urgences médicales et familiales, fourni une couverture médicale pour les personnes éligibles de plus de 65 ans et pour les travailleurs qualifiés pauvres. Pendant la présidence Obama, les employeurs devaient fournir une assurance médicale à leurs salariés, les personnes qualifiées bénéficiaient d’une assurance maladie subventionnée au niveau fédéral et les Etats recevaient des fonds fédéraux pour étendre la couverture médicale aux personnes à faible revenu au dessus du seuil de pauvreté. Toutes ces mesures ont rencontré une forte opposition de la part de la droite politique et la rencontrent aujourd’hui encore ; plusieurs Etats « rouges » ont refusé de fournir des soins médicaux à ceux qui se trouvent juste au dessus du seuil de pauvreté.
Ainsi, le fort soutien bipartisan d’aide à la pandémie, qui a coûté jusqu’ici plus de 2700 milliards de dollars, est dû à la très forte demande de la population pour que quelque chose soit fait. Si l’on fait abstraction des nombreuses complexités légales, la réponse apportée est résumée ci-dessous.
1 – La stabilisation économique.
Selon l’Internal Revenue Service (IRS), l’agence fiscale fédérale, toutes les personnes éligibles qui gagnent moins de 75.000 $ par an sont habilitées à recevoir un paiement unique de 1.200 $ et 500$ pour chaque enfant éligible. Le versement de ces fonds à ceux qui ne sont pas enregistrés auprès de l’IRS parce qu’ils ne font pas de déclarations de revenus – un grand nombre de travailleurs ne gagnent pas assez pour être imposables - s’est avéré difficile, surtout s’ils n’ont pas non plus de compte bancaire, comme c’est le cas de beaucoup de personnes à faible revenu.
2 – Congés pour maladie et garde d’enfants.
La loi fédérale ne prévoit pas d’indemniser les congés pour maladie ou garde d’enfants. Les plus grands employeurs ont tendance à rémunérer les congés maladie dans le cadre de la politique de l’entreprise, généralement en fonction de l’ancienneté, mais très peu indemnisent les congés parentaux. Les salariés syndiqués obtiennent généralement des congés maladie à la suite de négociations collectives, mais moins de 7% des salariés du secteur privé sont syndiqués. En tout, plus d’un tiers de la main-d’œuvre n’a même pas droit à six jours de congés et quasiment aucun ne bénéficie d’un congé parental payé.
Sous le régime de la loi d’urgence, en vigueur depuis décembre 2019, les salariés des entreprises employant jusqu’à 500 personnes qui ne peuvent pas travailler en raison du covid-19 ont droit à 80 heures (environ deux semaines) de congés payés (avec des ajustements pour les travailleurs à temps partiel) et à 10 jours supplémentaires pour garder un enfant dont l’école est fermée ou pour lesquels il n’y a pas de garderie. Le montant du salaire varie en fonction du motif du congé : par exemple, plein salaire jusqu’à 511 $ par jour pour un salarié tenu de se mettre en quarantaine, 2/3 du salaire jusqu’à 200 $ s’il doit s’occuper d’une autre personne. L’hypothèse est que les salariés des grandes entreprises seront protégés par les polices d’assurances de leurs employeurs mais beaucoup ne le sont pas et sont ainsi exclus de cette protection.